Lettre à ma petite soeur (1)

 

Enceinte.
Choisir une maternité, une préparation.
La naissance, c'est un évènement fondateur: dans la vie de l'enfant, de la maman, et, le plus souvent, de son papa.

Choisir une préparation n'est pas une décision anodine. Ce n'est pas:
-"Oh, on m'a dit que la kiné, c'était le mieux".
La solution généraliste n'est pas toujours la meilleure. Et les kinés ne préparent pas tous de la même manière. Et une préparation particulière, l'haptonomie par exemple, ne sera pas non plus la même selon qu'elle sera réalisée par un kiné ou une psychologue.
Il y a une mutitude de critères qui entrent dans le choix de la maternité.
La proximité, "l'esprit" de l'équipe, les préparations et les méthodes proposées, le niveau médical.

Pour ce dernier point, il faut définir l'état de santé de la maman. Ses antécédents, le surpoids, tout cela sont des facteurs qui font que l'on s'orientera vers une mater' de niveau 3, comme on dit en France, ou vers une maison de naissance, voire, un accouchement à domicile.
Fait attention à ce que tu entendras autour de toi. D'abord, je pense qu'il y a peu de mamans, jeunes, et surtout une ou deux expériences, cela ne suffit pas à définir un avis général.

Centre-toi sur toi, sur ton couple. Qu'est-ce qui vous touche le plus? Plus de sécurité, plus d'intimité, plus de confort? C'est d'abord ses priorités là qu'il faut définir.

Vraiment, une préparation ne vaut pas l'autre. De manière générale, les jeunes mamans sont de moins en moins bien préparées.

La péridurale et sa consoeur, la fausse idée que l'accouchement est sans douleur; la sur-médicalisation; la génération fast-food et speed dating; la sémiologie même (ne dit-on pas que c'est le gynécologue qui accouche? Ben...non, c'est la femme, seule); tout cela fait que les jeunes mamans arrivent à la maternité la fleur au fusil, et quand les contractions arrivent, qui emportent tout sur leur passage, l'intellect, la mémoire, les certitudes, qu'il ne reste plus que le cerveau primitif qui pourrait prendre les choses en main, et bien, on ne sait plus comment s'y connecter.
Et fleurissent les césariennes, c'est tellement plus facile, semble-t-il, mais sommes-nous donc des boîtes de conserve qu'il faut ouvrir rapidement?
Pour Anaïs j'avais choisi l'haptonomie. Ce fut la meilleure de mes 5 préparations, et le meilleur des accouchements (même si après, c'est parti en sucette).
Lorque l'être humain a peur, il sécrète de l'adrénaline. Cette hormone a pour but de déclencher une foule de réactions physiologiques qui sont censées te protéger. En premier, un afflux de sang vers les organes vitaux pour fuir: les jambes et le coeur.
Aborder une naissance la peur au ventre parce que tout à coup, la douleur paraît insurmontable et que la panique s'installe, c'est l'aborder avec les jambes et le coeur bien irrigués, mais l'utérus saigné à blanc.

Or, il va devoir se contracter efficacement.

Tu vois, une naissance, c'est bien plus complexe que ce que l'on imagine.

En haptonomie (comme en sophro, mais c'est tout de même très différent dans la pratique), on apprend à accompagner la douleur. Parce que lorsqu'on accepte la douleur, que l'on se décontracte au lieu de se contracter, on s'aperçoit que c'est tout à fait supportable. Ce n'est plus un ennemi extérieur qui t'agresse, c'est juste ton corps à toi qui réagit, et c'est ton corps que tu berces, que tu prends dans tes bras pour l'apaiser.
Les contractions sont des vagues. Elles déferlent, mais cela veut surtout dire que tu vas pouvoir respirer entre deux, savoir qu'après le sommet de la vague, il y aura un creux paisible.
C'est comme une tempête, et/ou le gravissement d'une montagne. C'est naturel, merveilleux, mais cela demande de la préparation. Parce qu'une fois dedans, il ne sera plus temps de te demander où est ton parapluie et comment on fait pour planter un piolet dans la roche pour s'y accrocher.
La préparation te permettra de ne plus réfléchir, d'agir instinctivement parce que ton corps aura imprimé tout tes besoins, et ceux de ton bébé, dans chacune de tes cellules. Et ton cerveau primitif te conduira sur ce chemin qu'empruntent les mamans depuis la nuit des temps.

Dans la pratique, autour de toi:

Il existe une maison de naissance, à Namur.

A la maternité de Gosselies, tu trouveras:

• Obstétrique   
• Suivi de grossesses en collaboration avec les sages-femmes
• Surveillance rapprochée de grossesses à risque
• Pour le public, visite de la Maternité et conférence d'information prénatale tous les trois mois
• Préparation à l'accouchement: kinésithérapie, gymnastique aquatique, haptonomie, sophrologie
• Quatre salles de travail et d'accouchements avec baignoire de relaxation.
• Accouchements
• Kinésithérapie périnéale, urogynécologique et de postpartum

A la maternité de Braine l'alleud: une naissance sans violence, selon la méthode Leboyer (je t'en parlerai).

 Il y a ce forum où des mamans parlent de la mater de braine et d'un certain gynéco. Tu trouveras ici une photo de la salle de maternité.

Lorsqu'Anaïs est née, selon la méthode de la naissance sans violence de Leboyer, un passage en douceur:dès que la tête est sortie, je l'ai saisie doucement moi-même pour la sortir; pas de lumière forte, pas de frottement énergique, pas de cordon coupé précocément, pas de pleurs: une respiration vive, un regard dévorant et avide: le proto-regard. Celui qui hypnotise la mère et l'enfant dans un échange fondateur et déterminant. Au bout d'un long moment, la sage-femme la prend dans ses bras. Elle a regardé, senti, touché, goûté au sein maternel. Elle pleure. Juste quelques secondes: elle est déposée dans une eau tiède pour la rincer un peu, doucement, des fluides maternels qui se sont déposés sur la peau. Juste quelques secondes, elle est à nouveau dans l'élément liquide, semblable à celui qui la contenait avant qu'elle ne prenne toute la place, juste quelques secondes car elle a retrouvé les mains de son père, qu'elle connaît grâce à l'haptonomie. Elle est rassurée, une ébauche de sourire, décontraction des orteils, elle est bien.