Kidnapping: la suite, et les grands
Un point sur la semaine qui vient de passer.
Mardi, nous avons pataugé en bords de Sorgue avec Ulysse et Héloïse. Une belle balade, un bon moment.
A 14H, il était l’heure de partir vers le CMS où nous avions rdv avec les deux grands. Nous étions sensés fêter avec eux l’anniversaire d’Héloïse, à leur demande, puisqu’ils n’en ont pas eu l’occasion lorsque nous l’avons fait le jour même de sa naissance, à l’appartement, le 19 juillet, avec notre aînée.
Il faisait chaud, lourd, nous étions plutôt chargés (le pique-nique, le goûter….) il s’est avéré que le trajet Gare/Partage des eaux , puis Gare, CMS, sans parler, pour nous , du retour CMS/Gare, cela faisait vraiment trop de kilomètres à pied, nous devrons nous organiser différemment à l’avenir.
Assez rapidement, la conversation a glissé sur ma belle-sœur. Il n’était pas question de ce que les grands ont pu dire, ou faire, juste, ma belle-sœur. Je venais d’apprendre que les personnes de l’ASE l’avaient rencontrée. Cela a rapidement tourné à « règlement de comptes à OK Korral ». César s’est levé, il ne veut rien entendre au sujet de sa tante ou de sa grand-mère, et pour moi, à ce moment-là ; c’était insupportable de voir que la justice pouvait imaginer un instant confier mes enfants à ces personnes. D’autant plus que l’appellation est bien « tiers dignes de confiance ». Quelle indignité.
Résultat, le goûter a viré à l’aigre et personne n’a eu le cœur de fêter quoi que ce soit.
Heureusement que nous avions passé un bon moment avec les deux petits.
Une partie de "cache-cache pour réassouvir le besoin de contact et de la peau de maman...
Jeudi, nous avons revus les grands, à Marseille, l’ASE leur a trouvé un foyer sur Marseille et la directrice souhaitait rencontrer tout le monde, afin d’évaluer si la situation et les projets de chacun pouvait coller avec le projet de l’établissement.
Beaucoup de choses ont été dites qui m’ont paru vraiment sensées. A vrai dire, c’est la première fois que j’entends des choses sensées depuis le kidnapping des enfants. Rapidement, la directrice parlera de « principes de réalité » devant les exigences et les requêtes scolaires exorbitantes de César et même de Jeanne, qui sera bien obligée de constater à défaut d’entendre que l’école n’est pas l’endroit merveilleux, bienveillant et amusant que lui a dépeint sa tante. Que nul ne tiendra compte de son souci de dyscalculie et que l’école ne va pas lui effacer ce trouble d’apprentissage d’un coup de baguette magique.
A de nombreuses reprises, la directrice évoquera le retour au foyer parental. César s’affole, qu’advient-il de leur projet d’aller vivre chez la tante ? L’entrevue est presque terminée, plus de 2 heures ont passés, tout le monde temporise l’expression « retour au foyer parental », mais César s’accroche à sa revendication, va même jusqu’à transformer les paroles qu’il avait déjà rapportées du juge lorsque celui-ci les a reçus.
Tout le monde ment à mes enfants. J’ai contacté l’association « Le fil d’Arianne » qui soutient les familles qui subissent les placements si souvent abusifs de leurs enfants. Mon interlocutrice a été très ferme, tout comme mon avocate qui ne cesse de me rassurer à ce sujet : si les parents s’y opposent, le juge ne peut placer les enfants chez un tiers de confiance. Mais le requête d’enquête du juge est troublante et sème la confusion, même dans mon esprit. Alors, pourquoi ? On ne peut non plus obliger des parents à scolariser leurs enfants (sauf au terme de deux mauvais contrôles suivis de deux injonctions de scolarisation), et pourtant, c’est bien ce qui se passe, pour nous.
Pourquoi entretenir ce trouble qui bloque complètement le cheminement des enfants et l’ouverture de leurs yeux ?
Je leur propose de visiter l’appartement. César ne répond pas. Jeanne me rétorque : « Pourquoi faire, c’est votre vie, non ? ». Mon mari blêmit. Je rétablis doucement, « Non, c’est la tienne aussi, nous sommes tes parents, l’appartement, c’est notre vie ». Il restera des heures sous le choc. Moi aussi, même si je m’y attendais. Ce n’est pas que j’ai voulu à toute force tendre le bâton pour me faire frapper, c’est que je veux témoigner à nos enfants notre souci constant de parents aimants, quoiqu’il arrive.
C’est le moment je suppose de donner des détails sur ce qui se passe avec les plus grands.
A l’Isle sur la Sorgue, il y a une grande maison familiale découpée en deux étages séparés et autonomes. Nous occupions pendant les vacances le premier, qui a un escalier extérieur.
Depuis décembre, nous y sommes à temps plein.
Au rdc, vit la grand-mère maternelle de mon mari, qui a l’usufruit de cette partie de la maison, avec le papa de mon mari. Ma belle-mère vit à Marseille. Oui, je sais, déjà, là, on sent que la structure familiale est malsaine.
Une grand-mère qui pique le fils, puis le mari de sa fille, c’est un peu glauque.
Depuis l’hospitalisation de mon beau-père, ils se sont retrouvés en contact plus étroit avec leur grand-mère paternelle, qui venait plus régulièrement chez sa maman, et ma belle-sœur, qui n’est apparue qu’à ce moment-là dans le champ de vision et d’action de notre famille.
Il faut dire que le passif est assez lourd, avec elle.
En 1996, lorsque nous nous sommes installés en France, j’étais en conflit, pour sa garde, avec le papa de mon aînée, qui vivait en Belgique. A peine avions nous déménagé de Begique en Provence qu’elle est allée le trouver (elle travaillait et vivait au Luxembourg à l’époque), pour le persuader que nous habitions un taudis. Je vous laisse apprécier le taudis en question….
La première petite photo: à côté de la maison, un petit cabanon qui a servi pendant la construction, où mon beau-père avait installé ses quartiers pour regarder les matchs, où mon mari recevait ses copains et que nous avons occupé trois semaines (cuisine, eau chaude, chambre) à notre arrivée le temps que sèchent les peintures. Mais lui-même n'est pas un taudis....J'ai des photos de l'époque mais elles ne sont pas numérisées...
Les gendarmes arrivent à la maison, soufflés par l'labitation que nous occupons, prennent des photos, et mon beau-père contacte le juge aux enfants d’Avignon, lui expliquant qu’il s’agit juste d’un conflit fraternel, unilatéral d’ailleurs.L'affaire en reste là.
Le temps passe un peu. Nous nous marions cette année-là et 2 ans plus tard, mon mari, qui a terminé ses études, entre comme emploi jeune à la Ville de Marseille, nous nous installons dans un appartement de mes beaux-parents, à Marseille.
Pendant ce temps-là, sa sœur a acheté un appartement frontalier au Luxembourg, elle s’est fiancée. Mais brutalement, au moment où les choses commencent à bouger pour nous, elle postule pour un poste chez EDF à Nice, se sépare de son fiancé, qui avait pourtant quitté son emploi pour la suivre dans le sud, et épouse, en 2000 un garçon plus jeune qu’elle, reproduisant ainsi le profil du couple de son frère : elle est mariée, avec un homme plus jeune, vit dans le sud et est devenue fonctionnaire. Elle parle d’avoir des enfants mais tergiverse sans cesse, me demande même si je ne pourrai pas accepter d’être mère porteuse. J’ai accepté le rapprochement, assisté à son mariage, mais tout de même !!
Très rapidement, elle trompe son mari, entraînant même, alors que le couple passe des vacances avec nous dans la maison familiale du Vaucluse, l’été de la naissance d’Héloïse, mon mari, très embarrassé, dans ses mensonges dissimulateurs.
Elle trompe son mari en lui promettant qu’ils auront des enfants, alors qu’il n’en est pas question pour elle, et aussi, en collectionnant les amants….souvent choisi sur son lieu de travail. Son mari travaille dans la même société, leur situation devient difficile. Nous ne nous voyions plus, mais elle appelle mon époux le …24 décembre 2004…pour lui annoncer qu’elle va divorcer. Il reste sous le choc, elle nous a gâchés notre Noël.
Plus vraiment de nouvelles jusqu’en 2006. Nous avons rencontrés quelques amants, qu’elle emmène avec elle dans la maison familiale du Vaucluse. Au bout du quatrième, qui se balade en string devant les enfants, mon mari stoppe nos rencontres, déjà sporadiques. Nous partons, à la fin de l’été 2006, en Belgique pour quelques mois avec un petit camion de 20 m3. Nous serons dans un gîte. Marie-France nous propose de nous conduire, avec son amant de l’époque, qui semble plus stable, le camion en question.
Au terme d’une série de péripéties incroyables, elle nous bloque le camion. Nous sommes dans le gîte, avec un bébé de moins de trois mois et un autre de 2 ans. Sans mes couches lavables, sans vêtements ni linge de lit….ni même le petit colis de courses alimentaires que j’avais préparé pour les premiers jours…c’est ma sœur qui finira par récupérer le camion bloqué à plus de 200 km de là, en subtilisant les clés de notre propre camion…
Evidemment, cet évènement a sonné pour un long moment le glas des relations fraternelles.
Entretemps, ma belle-sœur, qui a de graves troubles psychologiques, fini par passer plus d’une année dans une maison de revalidation psychiatrique.
En juillet 2009, lorsque nous quittons l’appartement marseillais, elle exige de pouvoir l’occuper à son tour. Elle a son propre appartement à Antibes, qui est en vente puisqu’elle va divorcer (5 ans plus tard, ce 'nest toujours pas fait...), et puisqu’elle peut habiter n’importe où (elle est représentante syndicale CFTC chez EDF et fait ses dossiers à la maison, où monte de temps en temps à Paris), mon beau-père lui propose de s’installer dans l’appartement familial libre à l’étage de leur maison, mais elle refuse. Ses parents ne pourront donc pas louer l’appartement marseillais pour équilibrer un peu leur budget : cela fait beaucoup de patrimoine immobilier et beaucoup d'impôts pour peu de recettes, puisque quasi rien n’est loué.
En 2010, elle fini par s’excuser, uniquement auprès de mon mari, moi, je ne veux plus avoir de contacts avec elle, et petit à petit, réussi à le persuader de la laisser voir le psychiatre qui le suit. Marc a été pris dans les attentats parisien de 1995, et pour la première fois depuis lors, a enfin trouvé, début 2010, un psy avec qui il se sent bien.
Il lui parle beaucoup des soucis qu’il a pu avoir avec sa maman, qui l’a abandonné à l’âge de 10 ans et exerce sur lui une pression despotique et manipulatrice dont il ne peut se détacher.
Toute la famille est réunie dans le Vaucluse en décembre 2010. Marc reprend contact avec le praticien début 2011 et finira, au bout de 3 rdv, par ne plus y aller. Quelques mois plus tard, il m’expliquera que les conversations étaient systématiquement tournées vers moi, ce qui mettait Marc mal à l’aise car il trouvait le psy très agressif à mon égard et plus du tout à l’écoute de ses soucis avec sa mère. Marc a fini par comprendre que sa sœur avait complètement sabordé sa psychothérapie.
Mars 2011, je trouve mon beau-père allongé sur le sol de sa cuisine. AVC. Je préviens Marc, qui est sur le chemin du travail. Il préviendra sa sœur qui accourt chez sa maman. Je suis à l’Isle sur la Sorgue avec mon beau-père, ils sont à Marseille.
Pendant une heure, la situation évoluera beaucoup. Il est question de l’emmener dans l’hôpital le plus proche, puis l’hélicoptère arrive pour une opération d’urgence à Marseille et finalement, le chirurgien ne pourra pas l’opérer , il est donc redirigé vers l’hôpital le plus proche. Je reste pendue au téléphone, Marie-France décroche systématiquement, m’interdisant de parler à ma belle-mère, qui est son épouse et la personne responsable qui doit 1) savoir où va partir son mari, 2) prendre des décisions. Le portable de mon mari est coupé, une heure trente de stress avec une belle-sœur hystérique au téléphone….la grand-mère au bord de la crise de nerfs, les enfants morts d’inquiétude, mes émotions à moi qui me chavirent….ça commençait bien… .
Les 2 grands sont particulièrement difficiles, surtout Jeanne, notre troisième. Elle se montre très violente avec sa petite sœur, la frappant régulièrement, sort d’impressionnantes bordées de gros mots, collectionne les gestes obscènes. Je tâche de gérer en minimisant le problème : c’était vraiment une mauvaise année pour elle. Depuis un an, mon petit frère est décédé, mon mari a du rentrer à Marseille pour le travail alors que nous étions en Indre et Loire, on a tiré sur elle juste avant son test d’entrée au ballet national de Marseille, ses soucis cardiaques l’ont obligée à abandonner la danse en haut niveau, son grand-père meurt, et lorsque notre chien, une semaine après le décès de mon beau-père, récupère son lapin qui est parvenu à s’échapper, le déposant à ses pieds, tête écrasée dans la gueule, elle entre dans une épouvantable crise de nerfs.
Je compatis mais le ton monte. Nous avons décidé, avec mon mari, d’entrer dans un cycle d’apprentissages plus formels. César passe son brevet en juin. Les travaux que je leur prépare disparaissent mystérieusement et au désir exprimé d’être assuré « d’avoir le niveau » répond une inexpugnable envie de ne rien faire et rien ne sort qui puisse ressembler à un apprentissage, ni de près, ni de loin. Or Héloïse est au CP, et commence à s’intéresser à l’apprentissage de la lecture, enfin.J'ai aussi besoin de temps et de calme pour elle.
Au retour d’une promenade faite avec ma belle-sœur, Jeanne nous exprime son désir de retourner à l’école. Nous tombons des nues : habituellement, et depuis des années, elle s’y oppose violemment.
Je trouve ce revirement douteux et je prends conscience qu’il est dû à ma belle-sœur, mais je n’y accorde pas trop d’importance. Il ne me semble pas que j’aie à canaliser tout azimuts les contacts de Jeanne, et si elle souhaite vraiment retourner à l’école, le mieux est de l’y préparer afin qu’elle puisse juger par elle-même de la véracité des propos dithyrambiques de sa tante.
Enfin, c’est ce qu’il me semblait à ce moment-là.
Pendant ce temps-là, à de multiples reprises, César m’explique que si il n’était pas là, sa grand-mère ne survivrait pas à son deuil. Je vois bien qu’il y a une reproduction du schéma paternel : la grand-mère de mon mari, devenue veuve, a exercé il y a plus de 20 ans un épouvantable chantage pour obtenir de sa fille et de son gendre qu’ils lui laissent la garde de mon mari. Il avait 10 ans. Elle l’a emmené dans le Vaucluse alors que ses parents vivaient à Marseille. Mais cela ne m’inquiétait pas : pas de risques que mon mari me propose de laisser César vivre avec sa grand-mère! Je rétablis un peu les choses en verbalisant : c’est gentil de t’occuper de ta grand-mère, mais tu n’en es pas responsable. Et même : attention, elle exige, d'autre part, des prérogatives qui sont des prérogatives maternelles, chacun doit rester à sa place dans la famille.
Mais comment, comment aurais-je pu, aurions nous pu imaginer que des complots se fomentaient dans notre dos ? Il y avait aussi cette enquête sociale de l’AS du juge aux enfants d’Avignon, qui est venue interroger les enfants alors que le corps de mon beau-père reposait au rdc. Nous étions émotionnellement choqués et franchement perturbés par cette enquête intrusive que nous jugions injustifiée, mais nécessaire, nous semblait-il, pour apaiser le juge, et donc, l’Etat.
Là aussi, comment aurions–nous pu imaginer le manque d’honnêteté de cette assistante sociale ?
Alors voilà, nos deux grands sont pris dans les griffes de ma belle-famille comme dans celle d’une secte.
Oui, ils ne nous entendent pas, ne nous écoutent pas, ne nous font plus confiance, et même, ne nous identifient plus comme des parents aimants, compatissants et attentifs. Comme des parents dont la responsabilité pleine d’amour est de guider l’enfant sur le chemin de son accession à son statut d’homme et de femme adulte, mûr, autonome.
Oui, j’ai bien compris qu’il n’y a plus rien à faire, aujourd’hui, tant que durera cette situation.
Il est urgent que nous puissions récupérer tous nos enfants, et toutes nos prérogatives de parents. Afin qu’ils puissent recouvrer leur liberté d’individu, ouvrir les yeux doucement et reconstruire avec nous la famille que nous formons.
Aujourd’hui, après avoir appuyé du bout des lèvres, mais tout de même….les soi-disant violences physiques qui ont été enlevées fort heureusement rapidement de ce programme d’attaques parentales. Après avoir prétendu souffrir de violences psychologiques caractérisées par un manque de liberté, ce qui n’a pas non plus pu tenir dans ce programme, tant les libertés que nous laissons à nos enfants sont importantes au regard de ce qui est usuellement pratiqué dans la société. Après avoir tenté de se prétendre terrorisé (le psy du foyer ne les a pas trouvé terrorisé du tout….) par une « toute–puissance maternelle qui ne peut être tempérée par un mari effacé et sous l’emprise des médicaments », accusations de César qui ont, elles aussi, fini par fondre comme neige au soleil devant l’évidence de la situation : nos réactions au fil des visites médiatisées, nos explications, les témoignages, etc…ayant semble-t-il fait leur œuvre (et ça, c’est un comble, vraiment, comme le reste d’accord, mais tout de même c’est mon mari qui a toujours pris les décisions au sujet des directions de nos vies, y compris pour la déscolarisation).
Après tout cela, mardi, mon fils m’explique qu’il ne peut rentrer à la maison car il ne peut supporter l’instabilité qui y règne. Et il s’explique : pendant un an, lorsque nous étions à Benais, j’ai reçu une proposition pour partir travailler quelques mois au Canada. C’était extrêmement bien rémunéré, mais cela dépendait d’un éventuel décrochage de contrat par mon amie qui s’est installée là-bas. Sachant que si nous partions, il faudrait le faire rapidement (un mois environ), j’avais prévenu les enfants, discutant largement avec eux, selon cette habitude un peu « sociocrate » que j’ai prise de toujours les interroger, les faire participer aux décisions familiales, ce qui agaçait suprêmement mon mari.
Et voilà que cette marque d’attention, de respect, de considération pour mes enfants me revient en pleine figure. César remet aussi sur le tapis un projet que nous avions eu il y a 5 ans , de partir faire un tour des USA pendant un an. Il s’agissait d’un projet à vocation écologique (entre autres, la construction paille), qui m’a servi à découvrir, étudier, apprendre avec les enfants. De la géographie, de l’histoire (surtout qu’à l’époque César était passionné par le guerre civile américaine), des mathématiques, de l’anglais, du français, bref, un concentré de « compétences transversales » mâtinée par ce que je préfère : de la conversation, des débats d’idée, de l’imagination en œuvre. Finalement, lorsque nous sommes arrivés à l’étape « budgétisation », que nous avons contacté des associations, des magazines et que le tout prenait une forme de plus en plus concrète, mon mari a finalement exprimé son non désir de participer à une aventure qui devenait bien trop concrète à ses yeux. Et ce qui reste dans mes souvenirs comme une belle aventure m’est renvoyée comme un mauvais souvenir, une marque d’instabilité mal vécue par César.
C’est assez étrange, car ils n’en ont jamais parlé auparavant. Pourtant, comme tous les jeunes, ils ne manquaient pas de critiquer ce qui ne leur convenait pas… En même temps, plus le temps passe, plus les griefs se font peau de chagrin…. Et il n’est plus décidément question que de scolarisation, les ASE ayant obtenu de notre part que la part d’éducation religieuse se réduise elle aussi telle l’antiquité magique de Balzac. Egratignant au passage nos libertés individuelles les plus essentielles. Le droit à choisir le mode d'instruction et d'éducation de nos enfants.
Depuis le début, et de plus en plus, nous entendons parler de ressenti. Les services sociaux, à l’évidence concrète que nous leur opposons, à la réalité que nous exposons, démontrons, nous scande sans cesse qu’il faut que nous soyons attentifs au ressenti des enfants.
Nous avons vraiment fait des efforts dans ce sens, mais QUI se penche sur l’éventualité : « ces ados mentent au sujet de leur ressenti car ils ont un objectif : vivre chez leur tante, qui leur a promis monts et merveilles de libertés et d’argent ». Libertés dans son sens à elle. Scolarité obligatoire, mais pour le reste, faites ce que vous voulez mes petits chéris. Plus de morale, ni d’éthique. Plus d’éducation, d’instruction, de principes.
Plus de protection, non plus, ni de prévention.
Personne ne se penche sur ce conflit de loyauté terrible qui pousse César à vouloir s’occuper de sa grand-mère, veuve soi-disant éplorée (qui ne vivait plus avec son mari depuis plus de 15 ans…), et de sa tante qui n’est pas dans une forme physique éblouissante (elle dort toute la journée quand elle ne travaille pas et elle ne travaille pas beaucoup, 2 ou 3 jours/semaine quand elle part à Paris…) et qui se trouve dans un état psychologique plutôt instable, mais est suffisamment manipulatrice et intelligente pour montrer à son interlocuteur le visage exact qu’il attend d’elle.
Une conversation me revient en mémoire. Ma belle-sœur me dit : « Je serai vraiment un monstre, si il t’arrivait quelque chose, si je ne m’occupais pas de tes enfants ». Je me tais. Je ne tiens pas à entrer en conflit. Mon mari et moi avons prévu ce genre d’éventualité il y à longtemps et elle n’a jamais fait partie du plan…..loin de là…
Le 2 mai, je lui demande ce qu’elle va faire, pour son travail, je tente de m’intéresser un peu à elle, de renouer du lien. Elle s’est mise en congé, suite au décès de son papa. Je sais qu’elle n’a plus sa place au syndicat, une autre personne occupe le poste et les places sont réduites depuis les dernières élections syndicales où son syndicat a perdu des voix. Même si elle joue depuis longtemps une carte efficace : l’homme fort du syndicat, juriste qui gagne dans les tribunaux toutes les causes des employés EDF menace de partir si elle n’est pas maintenue à son poste : il est son amant. De 20 ans son aîné. Et cela fonctionnait jusque là. Mais si elle n’a plus sa place au syndicat, elle devra réintégrer son poste à Menton, ou quelque chose comme ça, et elle n’y tient pas du tout. Elle me répond : « Je travaille sur un moyen d’obtenir un congé ».
Mardi, lorsque je m’offusquais devant mon grand garçon qu’il soit motivé par l’occupation d’un appartement qui sera souvent déserté par sa locataire, régulièrement à Paris, il me répond : « Pas du tout, si Marie-France obtient notre garde, elle pourra demander un congé pour s’occuper de nous ».
Toutes les pièces de ce jeu diabolique dont nous faisons tous les frais, y compris les grands qui sont manipulés, et surtout, complètement trompés, sont en place.
Game over.
Ce sont de vraies vies, de vrais enfants, de vrais parents.
Les intérêts et les convictions des uns et des autres, belle-famille, juge aux enfants, Etat, s’entrechoquent pour laisser au bord de la route, épuisés, torturés, désarticulés, les pantins prisonniers d’une société, de liens, construits par le genre humain qui est le leur et pour lequel ils n’ont pourtant signé aucun blanc-seing.