Premiers pas au conservatoire de danse classique
Jeanne-Olympe a passé sa première semaine de cours au conservatoire de Tours.
Comme le veut la tradition, les "petits rats" sont au grenier.
Et c'est vraiment charmant!
Il y a eu une audition, Jeanne-Olympe était déjà inscrite mais elle y a assisté pour déterminer vers quels cours elle serait orientée. Elle s'échauffe juste avant dans la grande salle. Rien qu'elle et moi: nous sommes arrivées à l'avance!
Jeanne a encore les genoux trop "en-dehors", il va falloir qu'ils "rentrent" et que la jambe soit arquée dans l'autre sens. J'avais vu ce que cela donnait sur une jeune fille du ballet national de Marseille, l'an dernier. C'était vraiment impressionnant.
En tant que parent, c'est un peu difficile d'accepter que l'on façonne ainsi le corps de son enfant vers des formes qui semblent peu naturelles... Au début de l'an passé, c'est son pied qui était trop rigide. Il fallait le "casser". Pour que le pied, en pointe, soit joli. Quelles expressions! Bon, c'est chose faite mais je suis rassurée qu'elle soit au conservatoire. Il me semble qu'elle sera vraiment bien prise en main. Ces manipulations de corps ne sont tout de même pas sans conséquences! L'année dernière, une ostéopathe suivait régulièrement Jeanne, ces conseils et son attention ont permis de passer l'année sans encombres.
Sur la seconde photo, vous semble-t-il qu'il ne se passe rien? Pourtant, chaque muscle est tendu, durcit, pour une "tenue" maximum du corps.
Première semaine éprouvante. Dyscalculique, Jeanne a du mal avec les placements dans l'espace. Elle doit verbaliser (mentalement) tous les enchaînements pour les mémoriser, les voir réalisés par le prof ne lui permet pas de les reproduire. La torsion "en-dehors" d'une de ses jambes est trop juste, ele pointait son pied un peu trop loin pour tel pas, descendait en-dessous du nombril pour les mouvements de bras....
Tous les gestes doivent être "réappris".
Les écoles de danse sèment la graine du bonheur de danser, et c'est difficile dans des conditions de "loisirs" de prendre le temps de corriger chaque geste...lorsqu'on a l'enfant un ou deux cours /semaine, pendant 1H30, ou 1H pour les plus jeunes.
Et cela me ramène immanquablement vers mon aînée, qui, à 6 ans, après 2 années de danse, m'avait signifié qu'il n'était plus question de suivre de cours de danse, parce que, m'a-t-elle lancé, dégoûtée: "on ne danse pas, on apprend des pas". J'imagine que dans des conditions "conservatoire" peu d'élèves resteraient au cours!
De plus, Jeanne est assez timide, il lui faut un peu de temps pour appréhender des personnes, un endroit, et un de ses profs s'est demandé, au bout du 2ème cours, si elle était heureuse d'être là car il ne la trouvait pas assez souriante. Au secours! Laissez-lui quelques jours pour s'adapter! Pour le troisième cours, elle était déjà bien moins désorientée!
Avec un cours quotidien (2 le jeudi, et nous avons redécouvert les bienfaits de l'arnica en granules pour les sollicitations musculaires importantes!), plus le cours de solfège, Jeanne aura l'occasion de rattraper le niveau, de s'adapter aux exigences nouvelles.
Quelle aventure, ce conservatoire!
Cela nous fait un long chemin, mais longer la Loire est décidément un bien agréable moment!
L'endroit est magnifique. Les platanes qui bordent la grande cour, la pierre calcaire qui orne les bâtiments, me rappellent mes jeunes années en Touraine. Les vieux pupitres, les cahiers de poésie et l'écriture à la plume. Tant de souvenirs si doux! De tous les bâtiments, s'échappent les notes de musique qui accompagnent nos pas tandis que nous nous acheminons vers la salle de danse. Un enchantement!
Les bâtiments hétéroclites composent un ensemble renouvelé qui régalent les yeux, où qu'ils se posent.
Et de ce dessous des toits des petits rats, quelle belle vue sur la cathédrale St-Gatien!
Beaucoup de travail, d'efforts, de pugnacité attendent mon bébé joli et très opiniâtre qui ne manque pas de volonté pour réaliser son rêve de devenir danseuse étoile. Je ne sais pas si les portes de l'opéra de Paris s'ouvriront devant elle, mais c'est un bonheur de pouvoir l'aider à réaliser aujourd'hui ce qu'il faut pour que ces aspirations soient comblées.
Nous avons bien conscience de l'énormité des ambitions de Jeanne, et restons tous suffisamment modestes que pour avoir une conscience aigüe de la mesure de ses capacités.
Pourtant, en tant que parent, tout en l'accompagnant de notre lucidité, nous la soutenons du mieux que nous pouvons.
Jeanne est très grande (plus tard, sur pointe, elle risque fort de dépasser les 1m90: les pointes donnent 10 cm de plus!): il faudra un danseur à sa taille...., et elle est dyscalculique, avec les soucis que cela occasionne et que j'ai évoqués plus haut.
Mais sa capacité à recommencer sans cesse un exercice qui lui est nécessaire, à accepter les critiques afin de s'améliorer et sa grande concentration, associée à une opiniatreté que nos lui avons découvert à l'occasion de la pratique de la danse (nous qui la voyions si sensible et réservée!) nous font penser que quels que soient les chemins, ses rêves de danseuse s'accompliront certainement un jour!
Le conservatoire a accepté que nous nous occupions de l'instruction de Jeanne. Ouf!
J'essaie parfois d'imaginer ce que serait sa vie, notre regard sur notre fille si elle était à l'école et ne dansait pas. L'école a écrasé Jeanne qui avait besoin de temps, d'attention, de ne pas être brusquée.
Jamais nous n'aurions imaginé que notre rayon de soleil fragile pouvait être aussi acharnée, et c'est la pratique de la danse qui nous l'a fait découvrir, en véritable plaidoyer pour l'école à la maison et la participation active des parents à la réalisation des passions de l'enfant.
Je voudrais remercier la douce Maud, pour son amour immense et dévoué de la danse et des enfants, Anne-Sophie, pour son ambition d'excellence dans un cadre "loisir", madame Mertens, qui a su me convaincre de la nécessité d'intégrer un circuit plus professionnel dès à présent quelques soient les complications pour y parvenir, qui nous a offert la possibilité de contacter madame Chaffaud, prof au conservatoire de Tours, qui a bien voulu lui faire confiance et intégrer Jeanne malgré le fait que les auditions aient déjà eu lieu pour les horaires aménagés. Mr Bourgeois et madame Chaffaud, la secrétaire de la section danse, la pianiste, pour avoir acceuilli Jeanne-Olympe avec une gentillesse infinie.
Une belle aventure qui commence!