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20 décembre 2010

40 ans!

Kimberkatt_ChristmasWA_wonderfultimeWA

40 ans

Voilà un drôle d’anniversaire. On peut dire, « J’ai deux fois 20 ans » ou « J’aurai 50 ans dans dix ans » (ça, c’est un peu flippant, tout de même). On peut dire, il est si proche de Noël et du Nouvel An qu’il ressemble à un paquet surprise de bonnes résolutions, cet anniversaire.

On peut choisir teuf d’enfer histoire de marquer le coup ou d’oublier en s’abrutissant, ou passer l’affaire sous silence.

L’année dernière, j’avais imaginé passer mes 40 ans, avec rien que mes enfants, à Aix-la-Chapelle. Marché de Noël fabuleux et petit salon de thé cosy au-dessus d’une pâtisserie plus que centenaire. Pièces exigües, chaleureuses, tapissées de boiseries sombres, fauteuils douillets, napperons de dentelles paresseusement étendus sur les tables aux allures de guéridons, protégées des éclaboussures de chocolat chaud fumant par une plaque en verre.

Doux souvenir des mes presque 20 ans.

J’avais aussi imaginé une grande fête où j’aurai rassemblé toutes les personnes qui ont compté pour moi, celles qui sont de ce côté de l’atlantique au moins.

Je n’ai pas très envie de faire une fête d’enfer parce que nous venons de déménager, que ce n’est pas fini et que cela m’a vraiment fatiguée.

Une fête, c’est un plaisir et non une contrainte. J’aurai pu en faire une priorité et déménager plus tard. Mais j’avais vraiment envie que ce soit fait, justement, pour mon anniversaire.

Et surtout, surtout, j’ai déjà vraiment le cœur en fête.

Et puis, petit à petit, les projets se sont redessinés. Toute l’année, plutôt que « J’ai 39 ans » ce fut, « J’en ai presque 40 ». Et à quarante ans. Je veux ça. Je ne veux plus ça. Je veux être moi.

Pour mes 40 ans, j’ai envie de me faire un cadeau. Etre moi. Dégagée de toutes influences oppressantes. Encouragée de toutes influences bienfaisantes.

Les 20 premières années de vie, nous sommes le fruit de nos parents, ou de l’absence de parents. Les 20 suivantes, le fruit de la société au sein de laquelle nous avons grandi, et dans laquelle nous évoluons. Arrivés statistiquement au milieu de notre vie, les années suivantes peuvent être le fruit, le tronc et les racines que nous avons choisi.

20 premières années à grandir sans avoir reçu le minimum vital de ceux à qui j’ai été confiée. Mais 20 années à grandir malgré tout, et à mordre à belles dents dans une liberté rare dans ces premières années. Subir les conséquences : ne pas savoir dire non, ou dire non quand il faudrait dire oui. Etre trop aimée parfois et n'avoir pas su conserver ce précieux cadeau, et pas assez par d’autres. Ne pas avoir confiance dans les talents et les capacités reçues. Les laisser sommeiller sans se faner pourtant. Ne pas avoir reçu le don de résister à tout mais jouir du talent de profiter du beau.

20 autres années à subir encore les jougs multiples de la famille dont je suis issue et celle dont j’ai hérité par alliance, du mariage, de la société dans ses institutions les plus diverses, éducation nationale, justice, administration, milieu médical mais 20 années passées à grignoter plus discrètement mais plus sûrement encore toutes ces entraves, à mordre à belles dents dans les belles heures de la maternité, du mariage, de l’éducation, de la créativité, de la vie à tout prix. Du sourire à toutes forces.

Ne pas geindre, « J’aurai tant voulu être ceci, faire cela, mais les circonstances, mes parents, mon mari, mes enfants, mes voisins, mes amis, mes amours, mes désamours, la vie, la maladie, la mort, l’absence, le regret, le remord, le temps, celui qui passe, qu’on ne retient pas, qu’on oublie, qu’on subit, qu’on souffre, qu’on vénère, qu’on exècre, qu’on maudit, qui s’enfuit, qui se tasse, se tapit, qui ne pardonne jamais et ne reviens pas, tous ceux-là qui sont en dehors de moi mais qui m’ont faite moi ne m’ont pas permis de… »

Mais donner un grand coup de pied et dépoussiérer les habitudes. Ne plus jamais me laisser manipuler, agresser ou quoi que ce soit qui soit contre mon gré. Oublier mes parents, continuer à me régaler de mes enfants. Ceux qui sont encore dans le nid tout chaud, ceux qui s’en sont échappé pour voler de ces propres ailes qui ne sont plus les nôtres, et l’accepter le cœur en paix.

Laisser gémir les médisants.

Et saisir le train de moi, celui qui court plus vite que le temps et peut pourtant le retenir. Celui qui est juste tous ces bouts de ma vie que j’ai choisi. Oser (même si là, ça fait mal au ventre).

Cette année, ce sera mon cadeau d’anniversaire. Je me le fais à moi-même.

Enfin recontacter l’éditrice des éditions Nord-Sud qui avait apprécié un des mes albums enfants et que je n’ai jamais recontactée, par manque de confiance en moi.

Réaliser ce jeu de société imaginé en une nuit, au départ d’un songe, le déposer et tâcher de le faire éditer.

Terminer le livre que j’ai commencé cet été et démarrer une carrière d’écrivain, selon mon désir enfoui et toujours refoulé. Et oser le dire.

Passer mon permis de conduire, enfin, sans trembler sous le regard inquisiteur de l’examinateur.

Arrêter de me gaver comme une oie pour remplir de trop grands vides.

Entreprendre un régime salvateur, et affronter cette opération qui attend que je fonde sérieusement. Pour pouvoir me ressembler un peu plus.

Reprendre mon bâton de voyageuse, pierre angulaire de moi qui ne peut me soutenir que s’il est activé. Et répondre ainsi aux requêtes sans cesse renouvelée des plus jeunes de mes enfants, sans doute plus connectés encore à ma nature profonde. « Je veux voir les Etats-Unis, New-York, Londres, l’Allemagne, l’Inde, la Chine » pépie mon Héloïse. Pas l’Inde et la Chine, mais pour le reste, on tâchera d’en glisser un peu dans nos carnets cette année. Et pourquoi pas Rome ou le Canada ?

Oser, mordre. Revendiquer. Juste pour rire ou pour sourire. Tout en ayant cette paix au cœur, cette certitude d’avoir fait les bons choix, ou les mauvais, mais de vrais choix personnels.

Etouffer la modestie, l’embarras, la crainte, la pudeur, le manque de confiance en soi.

Exister.

A 40 ans, je ne suis plus moi à cause des circonstances, de mes parents, de mon mari, de mes enfants, de mes voisins, de mes amis, de mes amours, de mes désamours, de la vie, de la maladie, de la mort, de l’absence, du regret, du remord, du temps, celui qui passe, qu’on ne retient pas, qu’on oublie, qu’on subit, qu’on souffre, qu’on vénère, qu’on exècre, qu’on maudit, qui s’enfuit, qui se tasse, se tapit, qui ne pardonne jamais et ne reviens pas.

Je suis moi à cause de moi et grâce à moi. Enfin.

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Commentaires
H
j'en ai les larmes aux yeux vu que je viens de les lire les trois dernier messages du blog...<br /> <br /> alors, juste pour faire remonter cette confiante acquise ! et parce que ce qui est dit est dit !
Répondre
M
Amen... bisous et bon anniversaire.
Répondre
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